Paris avait-il vraiment besoin d’un lieu comme le Wanderlust ?

Paris est l’une des rares villes au monde où quand on sort, on n’est jamais sûr de pouvoir accéder à l’endroit où on a décidé de se rendre. Dingue, non ?

Installé depuis cet été sur les quais de Seine, annoncé comme un nouveau « lieu festif et culturel » placé sous le signe de la « découverte » et de la « détente », le Wanderlust se révèle finalement un énième lieu fermé – malgré le fait qu’il soit à ciel ouvert – où on vient pour se montrer plus que pour faire la fête. Conçu par des acteurs du milieu de l’architecture, de l’art et de la mode, il s’inscrit pile dans la tendance en vigueur dans la capitale : en faire une ville musée – où si on met son nez dehors la nuit, c’est pour poser entre wannabes et hipsters. Youpi.

De passage dans le quartier avec deux amis, voyant qu’il n’y avait pas de file d’attente, on se glisse le long des barrières pour arriver devant les videurs. L’œil torve et l’air avachi, l’un des deux demande « vous êtes combien? ». On aurait pu répondre 23, 5, 12, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure qu’on était 3, et de toutes façons la réponse était déjà toute prête. Son camarade de galère (oui parce que videur, on va pas se mentir, c’est quand même un métier de merde) lâche du tac-au-tac le fameux et lapidaire « ça va pas être possible ». Sur quels critères ? On saura pas, et d’ailleurs ça nous intéressait pas vraiment. On est partis sans demander notre reste, parce qu’on allait pas non plus se mettre à genoux pour venir dépenser notre fric ici.

A en croire les avis des internautes – scandaleusement négatifs dans l’ensemble sur Qype - il faut « respecter une parité homme/femme » pour être admis. C’est une blague ? Est-ce qu’arriver accompagné du bon nombre de personnes du sexe opposé doit être un critère pour accéder à un lieu à vocation commerciale ?

Quand j’étais plus jeune – parce que je suis pas non plus bien vieille – j’ai eu la chance de passer beaucoup de mes nuits du jeudi au feu-Pulp où on s’amusait vraiment bien. Je connais plusieurs personnes qui ont travaillé au Palace, et elles me font presque regretter de pas être née dans les années 60 parce que j’aurais alors pu profiter de « La nuit à Paris », telle qu’on se l’imagine quand l’envie de sortir commence à démanger. J’entends parler de Berlin, de Zurich, de Londres, où quand on sort, on sort pour faire la fête au sens littéral, sans se poser de questions, pas pour se faire scruter des pieds à la tête.

Il y a déjà suffisamment de lieux ultra fermés à Paris, où on ne sort pas pour s’amuser mais pour se regarder le nombril entre soi, où l’accueil est déplorable et totalement à l’encontre d’un quelconque esprit festif. Donc non, on n’avait certainement pas besoin d’un endroit comme le Wanderlust. Estampillé depuis peu « l’endroit où les gens bourrés se poussent dans la Seine et se noient« , pour ma part – et je suis loin d’être seule – difficile d’en avoir une autre perception.

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