Google, Motorola, bla, bla, bla…

Je suis le premier de ma TL à avoir annoncé l’info du rachat. Et je peux vous dire que dans ma TL, il y a du beau monde. Et de l’up2date. Idem sur Google+. Et comme je n’y croyais pas, j’ai vérifié. Je me suis renseigné. J’ai lu. Beaucoup. Des bétises. Beaucoup. Des analyses. Très peu. Des analyses pertinentes. Euh, non en fait, là, aucune.

Alors, je vais donner mon avis sur le sujet. Parce que j’ai toujours un avis sur tout.

Motorola est une entreprise américaine qui a 83 ans. On doit à Motorola l’autoradio et le talkie-walkie. D’ailleurs, c’est avec un talkie-walkie Motorola que Neil Armstrong a prononcé le fameux « un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité ». Et en 1986, Motorola invente 6 Sigma.

Alors, en achetant Motorola, Google n’achète pas n’importe quelle entreprise. Il achète un pan entier de la culture américaine. Et de l’innovation mondiale du 20ème siècle. Innovation, car Motorola a un portefeuille de plus de 17.000 brevets. Et comme pourrait le dire Warren Buffett, ils ont enfin leur « patent moat », leur fossé en matière de brevet.

Tout le monde depuis plusieurs jours glose sur le fait qu’il vont pouvoir utiliser ces brevets comme force de frappe dissuasive, comme arme de dissuasion massive, contre par exemple Apple… Certes. D’autant que la démission de Steve Jobs va sûrement affaiblir la firme.

Mais c’est faire peu de cas de l’intelligence de Google, et c’est également mal connaître les principes d’usage des brevets.

D’abord, en acquérant Motorola, Google achète une vraie compétence en dépôt de brevets industriels. Car déposer des brevets industriels, et obtenir qu’ils le soient, c’est un vrai savoir faire, qui ne s’improvise pas, même en recrutant des spécialistes du sujet. C’est presque une culture d’entreprise. Et cette culture, Motorola en est génétiquement imprégnée. C’est autant d’honoraires que Google ne versera pas à des cabinets spécialisés sur le sujet, ils pourront le faire en interne. En toute confidentialité. Et on parle là de sommes énormes, quand on connaît les tarifs des cabinets d’avocats spécialisés sur le sujet aux USA.

Actuellement, les fabricants de smartphones versent des royalties à Apple, pour chaque smartphone fabriqué. Environ $15. Mais pas seulement à Apple. En effet, il est possible de commercialiser l’usage de ses brevets. Certaines entreprises américaines en font même un métier.

Avec 17k brevets, Google pourra engranger des tonnes de royalties, et pas seulement dans la téléphonie mobile. Et contribuer à faire baisser les royalties que les fabricants de smartphones versent à Apple et aux autres, pour rendre Android encore plus désirable (économiquement). Ou même prendre une part du gâteau.

Google achète également un industriel, fabricant de machines. Les téléphones mobiles. Et là, tout le landernau de l’IT à l’air de tomber des nues: Google, fabricant de « vent », exportateur de « nuage » n’ayant aucune raison de s’encombrer d’un acteur industriel va sûrement se débarrasser de cet aspect à plus ou moins brève échéance.

C’est oublier que Google était déjà il y a 4 ans le second fabricant de serveurs au monde. Et l’un des premiers fabricants d’infrastructure. Que Google investit dans l’énergie, devenant un opérateur énergétique (SmartGrid, éolien, solaire…). Quand ou ajoute Motorola dans l’équation, n’y aurait-il pas là un vrai axe industriel, et un dessein stratégique?

Alors, plutôt que de faire du buzz à bon marché, laissons Google nous étonner. Encore.

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