Une banque … éthique?

La première banque islamique d’Europe, l’ »Islamic Bank of Britain » (IBB) est ouverte depuis le 22 septembre 2004. Pas de placement dans des produits dangereux, dans des entreprises ayant des rapports avec l’alcool ou la pornographie, pas de taux d’intérêt usuraire. L’image d’une banque éthique, image que souhaiteraient avoir bien des banques traditionnelles, si l’on en juge par la floraison de produits financiers spécifiques ayant vu le jour, et sur la communication ciblée dans ce sens dont elle font preuve. Historiquement, plus de quatre-vingts pays ont déjà leurs banques islamiques, avec des résultats financièrement satisfaisants; ces établissements assurent le respect des lois musulmanes tout en proposant les services habituels: comptes courants, cartes bancaires, crédit immobilier. Alors, l’éthique et la banque, c’est possible?

Point sur le « système » financier islamique (SFI) dans la banque.

    Le principe fondateur, est le partage des profits et des pertes avec les clients, un peu comme une mutuelle. Système developpé depuis le moyen-age, il intègre également les marchés de capitaux, l’intermédiation financière, et exclue la pratique de la « riba », l’intérêt à taux usuraire dénoncé par le Coran. Le partage des pertes, des risques tout comme des bénéfices est donc privilégié. La valeur du travail se trouve ainsi rehaussée. L’épargne étant interdite, l’investissement de l’argent est quasiment obligatoire. Ainsi, il est assez difficile d’établir une comparaison entre le système classique bancaire et le système islamique, les fondamentaux étant différents.

    Les principaux produits proposés par le SFI:

    • Baïmouwajal: Sorte de crédit in fine, sans paiement des intérêts, la banque autorise en fait un paiement différé, et les frais sont aussi définis au départ.
    • Idjar: Apparenté à la location ou au crédit-bail, il est plutôt destiné au financement de biens matériels; la banque achete les équipements ou les bâtiments dont son client a besoin. Elle les met à sa disposition pour un loyer fixe sur une période précise.Si le client souhaite devenir propriétaire des biens, cela devient du « Ijar wa Iktina ».
    • Idjar oua iktina: Même principe que le Ijar, mais le client ouvre un compte d’épargne où il dépose des versement précis et le ré-investissement du capital accumulé permet l’amortissement le coût de la location initiale, il est même possible de verser un acompte.
    • Moucharaka: Prévu pour des projets à moyen ou long terme la banque fournit une partie des capitaux et du budget de fonctionnement (BFR), et en cas de profits, ils sont partagés entre le client et la banque selon un pourcentage prévu au préalable. Les pertes sont elles partagées proportionnellement à la participation au capital.
    • Moudaraba: Une sorte de « seed fund »: la banque fournit jusqu’à la totalité des capitaux nécessaires au projet. Le porteur du projet apporte ses compétences. Les profits sont partagés toujours selon un pourcentage prévu au départ. Les pertes sont entièrement supportées par la banque. Le porteur du projet perd son investissement personnel en temps et compétences. L’argent n’est donc pas, ici, le seul mode d’échange.
    • Mourabaha: Surtout destiné aux financements a court terme (consommation), la banque fournit des biens selon un contrat intégrant une marge supplémentaire préfixée, ce qui lui évite les intérêts d’un emprunt; c’est bien sûr le produit leader.

Pas de doute, notre système, monétaro-centrique, à d’un coup l’air beaucoup moins séduisant. La question deviendrait donc: faut-il être musulman pour devenir client d’une banque islamique?

Futur grand succès en Europe…

    à consulter également:
    • la faq de la Banque Islamique de Developpement

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